Le leader de la Diaspora tchadienne Djoret Biaka Tedang salue la décision courageuse du Ministre de l’Aménagement du Territoire d’annuler le projet d’une nouvelle ville à travers une lettre ouverte.
«LETTRE OUVERTE à Monsieur Mahamat Assileck Halata, Ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’urbanisme et de l’habitat
Objet: votre decision d’annuler la mise en place d’une commission en charge de reflechir sur une nouvelle ville.
Monsieur le Ministre, cher ancien camarade de lutte,
Je tiens tout d’abord à vous féliciter chaleureusement pour votre décision d’annuler la création d’une commission chargée de réfléchir à la construction d’une nouvelle ville. Cette décision, motivée par les réactions négatives de l’opinion publique selon un Communiqué du Secretaire general de votre ministère, marque une avancée significative dans le respect des aspirations du peuple tchadien, qui a tant souffert d’une manque de prise en compte de ses aspirations.
Comme vous le savez, l’abandon ou la non-implémentation d’un projet de déplacement d’une capitale peut entraîner de nombreuses conséquences négatives pour une ville comme N’Djamena. Une initiative mal préparée pourrait engendrer une perte de confiance dans les décisions politiques, une atteinte à la réputation internationale — surtout à un moment où les autorités cherchent des financements pour la construction d’un nouvel aéroport international près de N’Djamena— et une diminution de l’intérêt des bailleurs de fonds à soutenir les infrastructures urbaines, au moment où le pays en a le plus besoin face aux premiers effets du changement climatique. De plus, cela pourrait provoquer une stagnation du développement urbain due à une incertitude persistante parmi les ménages et le secteur privé. Votre décision allant dans le sens d’officialiser l’annulation de cette réflexion sur une nouvelle ville est donc judicieuse et bienvenue.
Cependant, il est impératif que les autorités prennent rapidement la décision de moderniser et de développer N’Djamena, en adoptant une nouvelle vision. Cette approche offrirait des avantages plus immédiats et durables en matière de développement économique, social, et environnemental, tout en apportant des réponses concrètes et urgentes aux souffrances des habitants de N’Djamena, qui font face aux inondations pluviales et craignent les inondations fluviales dans les semaines à venir.
L’équipe que je dirige, dans le cadre de l’initiative citoyenne “N’Djamena-Nouvelle, capitale de paix et de lumières”, souhaite vous encourager à poursuivre dans cette démarche d’écoute du peuple, tout en mobilisant les expertises nécessaires pour élaborer des décisions solides et juridiquement inattaquables.
Nous vous suggérons également de profiter de cet élan d’écoute et de sérieux pour engager, en tant que Ministre de l’amenagement du territoire, un débat public sur l’emplacement du futur aéroport. Prevoir cet aeroport à Djermaya comme le veulent les plus Hautes Autorités, plutôt qu’à Linia, un site historiquement choisi, nous inquiete. Nous pensons en particulier qu’il serait inapproprié de localiser le nouvel aéroport dans une zone industrielle comme Djermaya, qui abrite la raffinerie, un fleuron de notre industrie naissante.
Enfin, nous vous encourageons à lancer la préparation d’un plan d’urgence catastrophes naturelles et d’adaptation aux changements climatiques pour chaque ville touchée, et pour N’Djamena en particulier. Ce plan pour la ville de N’Djamena devrait couvrirait non seulement les inondations, mais aussi les canicules et les tempêtes de sable. La revision et la mise à jour de la législation en matière d’amenagement, de construction et d’habitat devrait y être envisagée. Si les inondations sont si dévastatrices en termes de pertes humaines, c’est parce qu’une grande partie des habitants vit dans des habitations construites avec des matériaux non durables. Les vents de sables et les canicules ne sont pas insurmontables non plus. Vous pourriez être le Ministre qui résout enfin ce problème en prenant des décisions audacieuses pour rendre les matériaux de construction plus abordables, permettant ainsi une reconstruction durable de la ville.
Nous sommes en train de finaliser notre vision alternative pour “N’Djamena-Nouvelle, capitale de paix et de lumières” . Ce document couvrira non seulement les aspects de moyen-long terme du developpement de notre capitale mais les decisions courageuses de court terme qui permettent de mettre nos concitoyens à l’abri des menaces de phénomènes naturelles. Nous espérons pouvoir vous la présenter dans les semaines à venir, en espérant que vous l’accueillerez favorablement.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée».
Djoret Biaka Tedang
Ancien fonctionnaire international
Tel.: +225 07 68 20 37 94
