Grève des enseignants : le Bureau national provisoire du SET roulé dans la farine et dans la sauce du gouvernement de Dr Succès Masra

Le Bureau national provisoire du Syndicat des enseignants du Tchad (BNP-SET), l’ex comité de crise, sans surprise, a capitulé dans sa lutte revendicative. Le BNP-SET se fait prendre à son propre piège. Le 13 février dernier, par le canal d’un communiqué, le président du BNP-SET, Djimoudouel Faustin, informe les enseignants sur les conditions de remboursement en nature des 16 mesures [arrachées aux forceps] par le gouvernement.

Après deux mois (novembre et décembre) de débrayage fortement politisé, un compromis a été, [enfin], trouvé entre les enseignants grévistes et le gouvernement. En compensation du gel des abattements de salaire à la suite des « 16 mesures », les enseignants auront à choisir en nature entre un terrain ou une motocyclette. Un choix, pour le moins que l’on puisse dire imposé.

Cette promesse n’a pas été suivie d’effet, car jusque-là, les enseignants disent n’avoir aucune information ni sur le terrain ni sur la motocyclette comme annoncé. Le BNP-SET s’est fait encore avoir. Et comme cela ne suffisait pas. En date du 23 février, le Premier ministre, Succès Masra les humilie davantage en leur offrant, au lycée Félix Eboué, symboliquement des sacs de céréale suivis des “chèques céréales”. Ce qui a suscité plus l’ire des enseignants.

L’un d’eux ironise : « Chèque céréale ou cerelac, (faisant allusion aux produits laitiers Nestlé pour nourrissons, NDLR) je me perds en conjectures. Nous ne sommes pas des sinistrés à qui il faut présenter aux caméras du monde contre un modique sac de céréale », a-t-il indiqué.

À propos du chèque céréale, le président du BNP-SET, Djimoudouel Faustin, informe que le chèque présidentiel lancé par le Premier ministre Succès Masra au profit des enseignants, peine à se concrétiser. Pour Djimoudouel Faustin, le ministère de Salidarité retarde la sortie des sacs de céréales.

« C’est à cause de ladite promesse, les enseignants ont refusé d’aller en grève contre la cherté de vie après l’augmentation des prix des carburants », s’est-il désolé.
À la même occasion, le Succès Masra indiquait à l’attention des enseignants : « Une prime de dévouement, cette fois-ci en argent, sera viré dans le compte de chaque enseignant à la fin de ce mois (fin février NDLR) », avait-il rassuré, mais c’est sans compté avec l’incontournable, le tout-puissant, ministre des Finances et du Budget, Tahir Hadmid Nguilin.

Ce dernier a dit niet aux promesses du président de transition et son Premier ministre. La fin dudit mois arrivé, les enseignants n’ont constaté aucun centime de plus sur leur salaire. En outre, le BNP-SET informe que le ministre des Finances refuse de payer les primes de dévouement accordées aux enseignants par le Président de Transition.

Pour rappel, début octobre 2023, le Syndicat des enseignants du Tchad (SET) a lancé le mot d’ordre de grève illimitée qui a été largement suivie. Ensuite, récupérée par le Comité autoproclamé dit de “crise”. La revendication du SET portait sur 7 principaux points, entre autres, 16 mesures et abattement, le gel des effets financiers, de prime de craie, de documentation, l’autorisation d’études, le relèvement du point d’indice, la revalorisation et les primes de logement (fixées depuis 1992 à 20 mille francs, alors que d’autres corporations, à savoir les magistrats et médecin, qui se sont inspirés du statut particulier des enseignants, bénéficient respectivement de 100 mille francs de primes de logement), pour ne citer que ceux-là.

Il faut préciser que restaurer les avantages et autres amputés pendant la période de 16 mesures (abattements), coûterait environ 500 milliards à l’État. Cette rondelette somme n’a pas été prise en compte par la Loi de finances 2024, d’où la difficulté à payer en espèce.

Dans ce tohu-bohu, une interrogation taraude les esprits des Tchadiens : quid des enseignants victimes des «16 mesures », qui sont déjà admis à la retraite ? Aucune disposition n’indique qu’ils seront pris en compte. Tout laisse à croire qu’ils sont, dorénavant, classés aux oubliettes, pourtant, ils en ont droit.

Finalement, le BNP-SET a trop mis de l’eau dans son vin. Ce Mutuus consensus ne vaut même pas le pet de lapin, car de toutes les revendications susmentionnées, aucune n’a reçu une satisfaction. Le BNP-SET a fait perdre, inutilement deux mois de cours pour ne rien. « Tout ça pour ça ? » dira-t-on.

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