Le Tchad connait depuis deux années consécutives, une situation alimentaire aiguë, mettant aux prises, la légèreté dans les réponses adéquates devant être l’émanation du pouvoir gouvernemental et l’impasse tant vécue par les partenaires au développement.

La faible capacité pluviométrique a été toujours convoquée comme la cause mignonne qui défie toutes les compétences endogènes des agronomes et des centres de recherche en la matière. Si les anciennes données de recoupe sont quasi inexistantes pour comparer les faits, il va sans dire que la production agricole n’a jamais aussi baissé drastiquement que le gouvernement veuille impuissamment punir les citoyens sans agir.

L’état d’urgence alimentaire sans réponses urgentes
L’État tchadien a déclaré le 15 février passé, l’état d’urgence alimentaire. Sans une grande surprise, cette décision, pourtant sans effets, intervient dans un contexte de cherté de vie coriace, sur fond de flambée exponentielle des prix des produits de première nécessité. Une famine vécue tacitement dans plusieurs provinces du pays. La cacophonie de gouvernance aidant l’amateurisme, le premier ministre, Dr. Succès Masra avait vendu une illusion aux commerçants et consommateurs peu avant cette mesure : la baisse des taxes sur les produits de première nécessité, mais sans mécanisme de suivi. Un simple vent qui a soufflé, laissant derrière lui, moqueries et déceptions.

Si l’insécurité alimentaire est un phénomène mondial ces dernières décennies, les mesures de riposte ne sont pas les mêmes. Et le Tchad n’en a même pas une ou du moins méconnu du public, car, depuis plus d’un mois après la déclaration de l’état d’urgence, les ministères sectoriels notamment celui de l’action sociale et de la production agricole n’ont pu sortir promptement un scénario de riposte efficace, durable et résilient. Qu’est-ce qui empêcherait au gouvernement, avec tous les moyens légaux dont il dispose, d’interdire toute exportation des produits alimentaires dans les pays voisins ? Pourquoi ne doit-il pas multiplier sur fond propre de l’État, les greniers d’urgence alimentaire dans toutes les provinces et financer par la même occasion les initiatives de riposte à l’insécurité alimentaire ?

L’Office national de sécurité alimentaire (ONASA) ne dispose-t-il de stock suffisant pour répondre à cette famine qui cravatera incontestablement presque toutes les familles dans les mois à venir? Une inflation historique que l’actuel gouvernement feigne d’ignorer savamment au profit des intérêts du moment, ceux de se remplir les valises et s’en aller. Le plan national de riposte annoncé brièvement par le gouvernement et dont l’élaboration prendra plus d’un semestre, ne sera guère une panacée pour cette crise alimentaire. Rien à y attendre, en tout cas !

Pourtant le PAM se désengage !
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a alerté en novembre 2023, un arrêt imminent de son assistance alimentaire et nutritionnelle à 1,4 million de personnes touchées par la crise au Tchad en raison de contraintes financières. Un signal fort au timing parfait, qui a été négligé par le gouvernement tchadien. À concéder volontiers que ces organismes humanitaires ripostent sans prévenir, le PAM s’est par ailleurs démarqué de plusieurs autres institutions des Nations-Unies au Tchad. Mais en plein vol, il a décidé finalement d’arrêter son aide alimentaire au Tchad, car, ”Le débordement de la crise soudanaise est en train de submerger la réponse humanitaire au Tchad, déjà sous-financée et surchargée”, a indiqué l’agence de l’ONU qui redoute une ” catastrophe” dans les semaines à venir.

Plusieurs leçons doivent être tirées là-dessus, car, le Tchad a souvent compté sur les aides extérieures que sur lui-même pour faire face aux crises humanitaires.
L’accroissement de production agricole, l’industrialisation de ce secteur et la normalisation doivent être des priorités du gouvernement tchadien. Cela nécessite un investissement important à court et à long terme. Mais à priori, les calculs électoralistes ne doivent pas primer sur la crise alimentaire actuelle qui n’attend plus. Une urgence qui met en péril la vie des citoyens et qui pourrait dégénérer au tant que la négligence sera constante.

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