Depuis le 26 juillet 2023, l’ Afrique vit une grande tragédie de Coup d’État avec prise d’otage d’un Président démocratiquement élu au Niger, il ya seulement deux ans, à l’occasion d’une alternance pacifique, comme rarement vue en Afrique.

Surprise, l’Afrique semble contrariée, balbutiante et hésitante.

Il est vrai que la démocratie africaine connaît une crise profonde, rythmée par des révisions constitutionnelles intempestives qui violent la limitation des mandats dans une indifférence générale complice.

Dans ce contexte, les coups d’Etat militaires sont souvent ressentis par nos populations comme des remèdes à une gouvernance démocratique défaillante et des institutions dévoyées. En réalité, le médicament s’avère toujours plus nocif que le mal.

Le coup d’Etat au Niger s’inscrit certes dans ce contexte général d’une démocratie dévalorisée sur notre continent. Ce n’est pas un coup de plus. C’est un coup de trop.
Toute tergiversation ou faiblesse face à la junte nigérienne ramènerait l’Afrique dans une dangereuse régression, celle des années 70 avec la valse des coups d’Etat; elle hypothèquerait pour longtemps la paix et le développement du continent.

Il est évident que ce coup d’Etat de trop n’aurait jamais eu lieu si la CEDEAO avait fait preuve de la même fermeté avec les premiers coups d’Etat survenus en Afrique de l’Ouest. Ne jetons pas cependant l’eau avec le bébé, et il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Cette tragédie doit nous servir d’électrochoc. Nous devons:

1. Soutenir fortement le leadership de la CEDEAO pour faire libérer Bazoum et rétablir la démocratie.
2. Faire désormais montre de la même détermination face à toute révision constitutionnelle destinée à fausser les règles de limitation de durée au pouvoir comme coup d’État constitutionnel.

L’indépendance, la vraie, de l’ Afrique passe aussi et surtout par le droit respecté des peuples à choisir librement leurs dirigeants, et par la droiture des armées à servir aux ordres du pouvoir civil issu des urnes, auquel elles ont un devoir sacré de soumission.

Ce qui se joue actuellement au Niger, ce n’est pas seulement l’avenir d’un pays ou d’un homme, mais celui de la démocratie en Afrique.

Évitons tout amalgame, il ne s’agit pas de l’avenir de quelque puissance étrangère que ce soit, il s’agit bien du sort de l´Afrique et des africains.

 

Pahimi Padacké Albert, Ancien Premier Ministre du Tchad

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