Tribune : Attaques contre les journalistes sous la Cinquième République
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Mahamat Idriss Déby Itno, son gouvernement a affiché une volonté de respecter davantage les droits des citoyens et des journalistes que son prédécesseur. Les journalistes ont ainsi bénéficié d’une plus grande liberté d’expression suite à l’assouplissement des contrôles sur la liberté d’expression et les médias.
Cependant, cette liberté naissante a été parfois entachée par des attaques croissantes à l’encontre des journalistes. Dans le passé, ceux qui faisaient l’objet de harcèlement, de menaces ou d’abus risquaient d’être poursuivis pour diffamation, ce qui pouvait entraîner des peines de prison pour leurs écrits.
Les victimes de ces attaques ont également soumis des déclarations à la presse exigeant une enquête judiciaire et une indemnisation. Toutefois, les autorités n’ont souvent pas mené d’enquête sérieuse, et, au mieux, leur réaction a été lente et sans résultats. À ce jour, personne n’a été poursuivi avec succès pour ces crimes.
Le droit international protège le droit à la liberté d’expression, y compris la liberté des médias. Le gouvernement tchadien n’a pas seulement le droit de lutter contre les abus commis par ses représentants ; il a également l’obligation d’enquêter sur les menaces et les attaques perpétrées par le personnel de sécurité à l’encontre des journalistes et autres professionnels des médias.
Il existe une ligne rouge claire pour les journalistes : rapporter la vérité par tous les moyens possibles. Si les progrès en matière de liberté d’expression doivent avoir un impact réel et durable sur la société tchadienne, le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour condamner toutes les attaques contre les journalistes et lutter contre l’impunité de leurs agresseurs. À cet égard, le ministre de la Sécurité publique devrait systématiquement mener des enquêtes efficaces, impartiales et transparentes sur toutes les agressions subies par les journalistes dans l’exercice de leur métier. Le Parlement devrait également envisager de modifier ou d’abroger les lois existantes qui portent atteinte au droit à la liberté d’expression et à l’information de la presse publique et privée dans tout le pays.
Mahamat Nour Saleh Ibrahim