Le 19 novembre 2024, le Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement Durable ; Hassan Bakhit Djamous représentant le Président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno à la 29ème Conférence de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (COP29) a prononcé le discours du Chef de l’Etat en marge des travaux de ces assises. Nous vous proposons l’intégralité de ce discours.
– Excellence Monsieur le Président de la République d’Azerbaïdjan,
-Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement
– Monsieur le Secrétaire Exécutif de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
– Monsieur le Président de la 29ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques,
– Distingués délégués, Mesdames et Messieurs
Avant tout propos, permettez-moi de transmettre les salutations les plus chaleureuses de Son Excellence, Monsieur MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO, Président de la République du Tchad, Chef de l’Etat, qui, en raison d’impératifs d’agenda, n’a pu être présent à ce Sommet des Leaders sur le Climat. J’ai l’honneur de m’adresser à vous ici, en son nom pour vous transmettre également les salutations respectueuses du Gouvernement et du peuple tchadien, qui suivent avec un intérêt particulier les discussions cruciales de ce sommet.
Représentant Son Excellence, Monsieur MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO, Président de la République du Tchad, Chef de l’Etat, je vous présente ici son allocution, je cite :
Permettez-moi, tout d’abord de remercier le Gouvernement et le peuple de la République de l’Azerbaïdjan pour toutes les marques d’attention dont nous sommes l’objet à Bakou. Nous nous réjouissons aussi du fait qu’en organisant la COP 29, Son Excellence ILHAM ALIYEV, Président de la République d’Azerbaïdjan ne fait qu’honorer le prolongement de l’engagement déterminé pour un avenir durable et prospère. Nous le remercions en son rang et à son honneur.
Par ailleurs, je tiens également à exprimer notre profonde reconnaissance à Monsieur SIMON STIELL, Secrétaire Exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ainsi qu’à l’ensemble de son équipe, pour leur dévouement sans faille et les efforts inestimables qu’ils déploient en vue de garantir le succès de ce rendez-vous d’importance capitale pour l’avenir de notre planète.
En participant à la COP29, mon pays le Tchad attache un grand intérêt à la protection de l’environnement, de la planète qui subit les effets néfastes des changements climatiques.
Les effets néfastes que constituent la désertification, les sécheresses qui deviennent de plus en plus aigües et des pluies irrégulières tant dans le temps et dans l’espace affectent de manière drastique les efforts du développement socio-économique de notre pays.
– Distinguées Personnalités, Mesdames Messieurs,
Permettez-moi de partager avec vous, la réalité climatique que vit mon pays, le Tchad. Comme tant de nations face à la vulnérabilité, le Tchad est aux premières lignes de cette crise mondiale, exposé de plein fouet aux effets dévastateurs du changement climatique.
L’année 2024 restera gravée dans notre mémoire collective comme celle des catastrophes sans précédent.
Des vagues d’inondations ont ravagé 119 de nos 125 départements, affectant plus de 1,9 million de nos concitoyens, soit plus de 10 % de notre population. Les pertes, d’une ampleur vertigineuse, sont sans équivoque :
– Plus de 217 000 habitations détruites ;
– 432 000 hectares de terres agricoles anéantis ;
– 72 000 têtes de bétail englouties ;
– Et, tragiquement, 576 vies humaines perdues.
Ces chiffres, bien plus que de simples statistiques, sont le reflet de tragédies humaines et environnementales d’une intensité inouïe. Ils symbolisent des écosystèmes fragilisés, des foyers désintégrés, des moyens de subsistance brisés et des communautés entières déstructurées. La sécurité alimentaire et nutritionnelle de notre pays est gravement menacée, avec des répercussions qui se feront sentir bien au-delà de cette année.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
La situation du Tchad est d’autant plus complexe que notre vulnérabilité climatique est mise à rude épreuves par notre position géopolitique et les défis sécuritaires auxquels nous sommes confrontés. Le Tchad se trouve à l’intersection de multiples crises régionales :
• À l’Est, la crise au Soudan a entraîné un afflux massif de réfugiés, exerçant une pression additionnelle sans précédent sur nos ressources déjà limitées;
• Au Nord, l’instabilité persistante en Libye continue de mettre à rude épreuve notre sécurité nationale ;
• Dans la région du Lac Tchad, la menace de Boko Haram reste vive, forçant des communautés entières à se déplacer.
Ce contexte unique, mêlant vulnérabilité climatique et fragilité sécuritaire, confirme à n’en point douter le lien indissociable entre le climat-la sécurité- et le développement.
C’est dans ce contexte que nous saluons la Déclaration sur le Climat, la Paix, la Stabilité et la Reconstruction, ratifiée lors de la COP28. Nous appelons la communauté internationale à traduire rapidement cette déclaration en actes concrets. Les États fragiles comme le nôtre ne peuvent plus attendre.
Nous plaidons du haut de cette tribune pour :
• La création d’un mécanisme de financement spécial dédié aux pays fragiles et en conflit ;
• L’intégration systématique des enjeux de fragilité et de conflit dans tous les mécanismes de financement climatique et ;
• Un soutien accru pour renforcer les capacités institutionnelles des États fragiles.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
La création du Fonds pour les Pertes et Préjudices lors de la COP28 a été une avancée majeure, mais les besoins urgents du moment appellent une mise en œuvre immédiate. Mon pays le Tchad appelle à :
• Des mécanismes d’accès simplifiés pour les pays les plus vulnérables ;
• Une allocation minimale garantie pour les Pays les Moins Avancés (PMA)
• Des modalités de décaissement rapides, adaptées aux situations d’urgence et ;
• L’inclusion d’un sous-objectif dédié aux pertes et préjudices dans le Nouvel Objectif Collectif de Financement Climatique.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
En matière d’ambition climatique, le Tchad a déjà posé les jalons de son engagement dans cette lutte contre le changement climatique. Nous avons, dès 2015, élaboré notre première Contribution Déterminée au niveau National (CDN), révisée de manière ambitieuse en 2021, en totale concordance avec les objectifs de l’Accord de Paris. La mise en œuvre de ces instruments exige des investissements colossaux, estimés à plus de 11,7 milliards de dollars. Ce besoin de financement reste largement insatisfait, limitant drastiquement notre capacité à protéger nos communautés qui aujourd’hui sont parmi les plus vulnérables.
C’est pourquoi, nous croyons que le sommet de la COP29, centré sur la finance climatique, représente un moment crucial dans la refonte de l’architecture financière internationale. Dans cet élan, je renouvèle le soutien du Tchad aux positions communes des groupes de Parties auquel il appartient dans les négociations que sont le Groupe Africain, les PMA et le Groupe 77+Chine.
Je ne saurais terminer mes propos sans renouveler mon appel pour le sauvetage du Lac Tchad dont son bassin fait vivre plus de 30 millions d’âmes est plus que jamais menacé de disparition.
Je formule le vœu que la COP29 surnommée « COP de la finance » ne soit pas un rendez-vous de trop mais un rendez-vous pour joindre le financement climatique à notre ambition commune et celui de l’humanité.
Je vous remercie de votre attention !