Coopération internationale : ce que gagne le Tchad au sein de l’Organisation des Etats Africains, des Caraïbes et du Pacifique

L’ancien ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération Internationale, Moussa Saleh Batraki est le premier Tchadien à être élu Secrétaire Général de l’Organisation des Etats Africains, des Caraïbes et du Pacifique. Une instance créée en 1975 et réunissant 75 pays dans le but de promouvoir la coopération Sud-Sud d’une part, et constituer un bloc de coopération avec l’Union Européenne dans les domaines commercial et politique. Quelle est la valeur ajoutée de la présence du Tchad au sein de ce cadre intercontinentale?

L’OEACP a produit véritablement ses fruits aux pays signataires de la convention de Lomé et de ses renouvellemnts quinquenaux jusqu’en 1995 puis de l’accord de Cotonou et de 2000 à 2015. Il est le fruit de la volonté des pays du bloc sud et de l’Union Européenne qui a décidé de réserver une place de coopération avec les pays et territoires d’outre-mer, dont certains étaient d’anciennes colonies.

Le vote de Moussa Saleh Batraki est tout un symbole pour le Tchad, reconnu comme à faible indice de développement humain. Une telle situation alimente tout un nombre de préjugés sur la capacité des ressortissants du pays à assumer des responsabilités de haut niveau sur le plan international. Le représentant du Tchad a été élu par les Chefs d’Etat et de Gouvernement au bout d’un processus de présélection rigoureuse et concurrentielle.

Le premier bénéfice pour le Tchad est la victoire de la diplomatie culturelle et scientifique. Le Secrétaire général est chargé de la mise en œuvre de la politique internationale de l’OEACP ainsi que de l’animation de tous les autres organes. Une performance de la gestion de l’ancien ministre va renforcer cet acquis.

L’avantage commercial est indéniable pour le Tchad qui a la possibilité de trouver des débouchés pour ses produits, services, ses facteurs de production avec les Caraïbes et le Pacifique.

Vis-à-vis de l’Union Européenne, il bénéficie des traitements préférentiels pour ses exportations agricoles et miniers contre l’importation des Investissements Directs Etrangers, conformément aux différents accords qui se sont succédés. Chose impossible dans des situations normales à cause des exigences techniques et de qualité de l’Union Européenne. Lors de la Convention de Lomé I (1975), fut mis en place le STABEX, le système de stabilisation réparti par le Fonds européen de développement (le FED). Instauré pour 48 produits de base, d’origine agricole, il compense la perte des recettes à l’exportation subie par tous les pays ACP.

Lors de la Convention de Lomé II, le Sysmin (le Système de Développement du potentiel minier) couvre huit produits miniers et intervient si la baisse des cours menace l’outil de production (le seuil de déclenchement doit représenter 15 % des exportations totales). Sauf que le Tchad a du mal à capitaliser sur ce traitement préférentiel à cause de l’instabilité politique de son histoire et de son économie centrée essentiellement sur la production et l’exportation du pétrole brut.

C’est le segment aide au développement de l’Union Européenne qui bénéficie le plus au Tchad. Les différents cycles du Fond Européen pour le Développement ont un impact réel sur l’amélioration des conditions de vie de la population dans les secteurs sociaux. Les Fonds européens de développement (FED) sont le principal instrument dont dispose l’Union européenne pour octroyer son aide en matière de coopération au développement aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ainsi qu’aux pays et territoires d’outre-mer (PTOM). Un cas concret de ce dispositif est le 10e FED (2008-2013) qui dispose au total de 22 682 millions d’euros. Sur ce montant, 21 967 millions d’euros sont alloués aux pays ACP et 285 millions aux PTOM. Ces montants comprennent, respectivement, 1 500 millions d’euros et 30 millions d’euros destinés à la facilité d’investissement gérée par la BEI pour les pays ACP et pour les PTOM.

Enfin, 430 millions d’euros sont affectés aux dépenses de la Commission en matière de programmation et de mise en œuvre du FED.

Lorsque certains partenaires se plaignaient de la mauvaise gestion de l’aide au développement affectée aux responsables sanitaires des régions, c’est le 8ème FED qui a permis d’ouvrir une filière de formation de gestionnaires des hôpitaux à l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) de N’Djaména. Cela a inauguré la culture de la gestion rigoureuse des hôpitaux au Tchad. Il en est de même du Programme d’Appui à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN) financé à hauteur de 157 325 000 d’euros par le 10ème FED. Dans son volet « Gouvernance, paix et sécurité », les différends FED ont permis de reformer le secteur de la sécurité en faveur de la préservation des droits de l’homme. La liste n’est pas exhaustive.

En 50 ans d’existence, l’OEACP a beaucoup bénéficié au Tchad en matière de l’aide au développement. Cette dynamique va s’accélérer avec l’élection de Batraki qui fera bien le plaidoyer pour le Tchad. Le Tchad doit chercher à améliorer ses performances économiques et son environnement global pour mieux saisir les opportunités commerciales de l’OEACP.

La Rédaction

 

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