Tchad : Pourquoi c’est tombé sur MIDI?
Depuis plus de 48 heures, les médias locaux et internationaux se sont emparés des investigations qui ont été lancées à la suite d’un article qui fait état de plus de 900.000 euros dépensés en vêtements de luxe par le Président tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, élu le 06 mai 2024 à 61 pourcent.
𝙇’𝙤𝙢𝙗𝙧𝙚 𝙙𝙚 𝙈𝙤𝙨𝙘𝙤𝙪 𝙝𝙖𝙣𝙩𝙚 𝙋𝙖𝙧𝙞𝙨?
Cette enquête préliminaire sur les soupçons de biens mal acquis, confiées à l’Office central de répression de la grande délinquance financière, ont été lancées à la suite d’un article du site d’information Mediapart. Du fait de sa nature, certains observateurs indexent d’un doigt accusateur la France qui « 𝘀𝗲𝗿𝗮𝗶𝘁 𝗲𝗻 𝘁𝗿𝗮𝗶𝗻 𝗱𝗲 𝘃𝗼𝘂𝗹𝗼𝗶𝗿 𝗽𝗿𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗿𝗲𝘃𝗮𝗻𝗰𝗵𝗲 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗿𝗲𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝘁𝗰𝗵𝗮𝗱𝗶𝗲𝗻 » pour sa récente proximité avec la Russie.
D’aucuns foncent leurs analyses en qualifiant cette investigation d’un non « évènement ». Il s’agit d’un vieux moyen de « chantage », dont se sert la France pour obtenir des négociations perverses et venimeuses de la part des Chefs d’États africains.
Perdre une colonie aussi stratégique comme le Tchad, pourrait « 𝗺𝗮𝗿𝗾𝘂𝗲𝗿 𝗱𝗲𝗳𝗶𝗻𝗶𝘁𝗶𝘃𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗮 𝗳𝗶𝗻 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲-𝗔𝗳𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲 », souligne un politique burkinabé. Car, la liaison géostratégique du Tchad avec les pays de l’AES (Alliance des États du Sahel) composés du Mali, du Burkina Faso et du Niger, devenus enragés et radicalistes contre la France, est une raison de plus pour Paris de craindre Mahamat Idriss Deby Itno qui entretient un rapport très serein et discret avec ces États
𝙐𝙣𝙚 𝙫𝙖𝙜𝙪𝙚 𝙙𝙚 𝙨𝙤𝙪𝙩𝙞𝙚𝙣𝙨 𝙚𝙣 𝙞𝙣𝙩𝙚𝙧𝙣𝙚
Sur les réseaux sociaux, une vague de soutiens et de dénonciations de cette enquête bonde. Les militants du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) parti ayant porté la candidature de Mahamat Idriss Deby Itno à l’élection de mai dernier dénoncent vigoureusement cette « 𝗺𝗮𝗻œ𝘂𝘃𝗿𝗲 𝘃𝗶𝘀𝗮𝗻𝘁 𝗮 𝗻𝘂𝗶𝗿𝗲 𝗮 𝗹𝗮 𝗿𝗲𝗽𝘂𝘁𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 » du président.
Ils ne citent cependant pas explicitement la France. Pour le conseiller à la communication du président de la République, DJEGOLTAR Armand, interrogé par l’AFP, « 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗲𝗻𝗾𝘂𝗲𝘁𝗲 𝗲𝘁𝗮𝗯𝗹𝗶𝗿𝗮 𝗹𝗮 𝘃𝗲𝗿𝗶𝘁𝗲 𝗲𝘁 𝗱𝗶𝘀𝘀𝗶𝗽𝗲𝗿𝗮 𝗹’𝗶𝗻𝘁𝗲𝗻𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗻𝘂𝗶𝗿𝗲 𝗮 𝗹𝗮 𝗿𝗲𝗽𝘂𝘁𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝘂 𝗽𝗿𝗲𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 ».
La plupart de ces sorties de soutien fustigent la crédibilité d’une telle enquête dont l’institution en charge ne revêt « 𝗱’𝗮𝘂𝗰𝘂𝗻𝗲 𝗹𝗲𝗴𝗶𝘁𝗶𝗺𝗶𝘁𝗲 𝗲𝘁 𝗵𝗮𝗯𝗶𝗹𝗶𝘁𝗲 𝗮 𝗲𝗻𝗾𝘂𝗲𝘁𝗲𝗿 𝘀𝘂𝗿 𝘂𝗻 𝗰𝗵𝗲𝗳 𝗱’𝗘𝘁𝗮𝘁 ».
Du côté de l’opposition démocratique, Max Kemkoye, président de l’UDP, l’Union des démocrates pour le développement et le progrès au Tchad, rappelle que « 𝗰𝗲𝗹𝗮 𝗳𝗮𝗶𝘁 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗱𝗲 𝘁𝗿𝗼𝗶𝘀 𝗱𝗲𝗰𝗲𝗻𝗻𝗶𝗲𝘀 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗯𝘂𝘀 𝗱𝗲 𝗯𝗶𝗲𝗻𝘀 𝘀𝗼𝗰𝗶𝗮𝘂𝘅 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗶𝘀 𝗱𝗲𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗮𝘂 𝗧𝗰𝗵𝗮𝗱, 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝘁𝗼𝘁𝗮𝗹𝗲 𝗶𝗺𝗽𝘂𝗻𝗶𝘁𝗲. »
𝙐𝙣𝙚 𝙚𝙣𝙦𝙪𝙚𝙩𝙚 « 𝙨𝙖𝙣𝙨 𝙚𝙛𝙛𝙚𝙩𝙨 ».
Cette révélation à propos du Tchad qui démontre par ailleurs que le système judiciaire en Afrique est encore très faible, n’aura pas d’effets politiques et judiciaires sur le président tchadien.
Le danger pourrait être réel pour lui si « 𝗹’𝗼𝗯𝗷𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗶𝗻𝘃𝗲𝘀𝘁𝗶𝗴𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗮𝘃𝗮𝗶𝘁 𝘁𝗿𝗮𝗶𝘁 à 𝘂𝗻 𝗰𝗿𝗶𝗺𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲 𝗹’𝗵𝘂𝗺𝗮𝗻𝗶𝘁𝗲 𝗼𝘂 𝘂𝗻 𝗰𝗿𝗶𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝗴𝘂𝗲𝗿𝗿𝗲 », tranche un juriste tchadien. Cette affaire rappelle des affaires similaires de « biens mal acquis » avec le président congolais Denis Sassou-Nguesso, le président gabonais Ali Bongo, ou encore son homologue équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema.
Avec la Flèche