L’administration tchadienne se trouve à un carrefour délicat, où le clientélisme et le communautarisme prennent le pas sur l’efficacité et le service public. Dans un pays où les liens tribaux et communautaires sont profondément enracinés, le favoritisme devient une norme qui mine la confiance des citoyens envers les institutions. Lorsque l’on se rend dans un bureau administratif, l’expérience peut rapidement se transformer en une épreuve frustrante.

Témoignage de Paul

C’était la semaine dernière. J’ai déposé mes dossiers pour un stage de perfectionnement. La secrétaire m’a fait une décharge et m’a demandé de revenir trois jours plus tard. Trois jours passés, je reviens voir la secrétaire. J’ai frappé plus de trois fois, elle n’a pas répondu et, quand j’ai poussé la porte, elle a automatiquement parlé avec un ton impératif : « Tu ne vois pas que je travaille ? En plus, j’ai quelqu’un qui est là en train de discuter et tu entres comme si c’était chez toi. Ici, c’est un bureau et non un cabaret », m’a-t-elle dit. Découragé, j’ai présenté des excuses et je suis ressorti sans y retourner, déplore Paul.

L’accueil y est souvent froid et distant. Les agents, plus préoccupés par leurs connexions personnelles que par leurs obligations professionnelles, offrent rarement l’hospitalité que tout citoyen est en droit de recevoir. Ce manque de chaleur humaine renforce le sentiment d’exclusion et d’injustice parmi ceux qui n’appartiennent pas aux cercles privilégiés. Les dossiers sont souvent traités avec lenteur, voire négligence, à moins que l’individu ne puisse prouver sa valeur aux yeux de ceux qui détiennent le pouvoir (administrateurs).

Le clientélisme exacerbe cette situation, créant un système où les services publics sont perçus comme des privilèges à octroyer plutôt que comme des droits à respecter. Les citoyens qui n’ont pas de contacts solides se retrouvent à la périphérie de l’administration, tandis que ceux qui sont bien liés bénéficient d’un traitement de faveur. Cette dynamique nuit non seulement à l’efficacité administrative, mais aussi à la cohésion sociale et à la confiance dans les institutions.

Un changement de mentalité est nécessaire pour construire une administration digne de ce nom, au service de tous les Tchadiens. Seule une approche égalitaire permettra de restaurer l’espoir et la confiance dans l’administration publique.

Dari Infos

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